Baluchon, un voilier de 4 m sur le Pacifique

Hiva Oa, aux Marquises, est la porte d’entrée classique des voiliers en Polynésie française. Depuis un mois, malgré la fermeture des frontières, il en arrive encore plusieurs chaque semaine. Bienvenue à Baluchon, le voilier de poche !

Une arrivée à la rame

Lundi 27 avril, certains plaisanciers du mouillage de Tahauku scrutaient l’horizon avec circonspection. « C’est quoi là-bas ? Un poti marara [bateau de pêche] à voile ? ». Quand l’embarcation rouge pétant s’est rapprochée du port, Yann Quenet, son capitaine, a sorti une longue godille ! Pas de moteur, trop lourd pour le frêle esquif de 500 kg.

Transpacifique en 44 jours

Parti de Panama le 15 mars, Yann a donc mis 44 jours pour parcourir presque 4000 milles nautiques. Il n’est pas à son coup d’essai puisque Baluchon a traversé l’Atlantique en 2019 en 29 jours et effectué le trajet Guadeloupe-Panama en janvier 2020.

Comme quoi on peut naviguer loin avec un bateau très modeste. C’est en résumé le message de ce Breton  qui a construit lui-même ce scow en contreplaqué au sein de son atelier Boat et Koad (soit dit en passant, boatez koad signifie « sabot » en breton).

Un voilier à 4000€

« Il fait 4 m, m’a demandé 400 heures de travail et m’a coûté 4000€ », explique-t-il, alors que nous l’accueillons avec quelques légumes frais. 

Erell jette un œil par le hublot et demande :

— Tu as un dessal’ ?

— Non, je suis parti avec 90 l en bidons. Je n’ai même pas eu besoin de récupérer l’eau de pluie. 2l d’eau par jour, ça suffit. Il faut dire que je ne cuisine pas vraiment, c’est trop compliqué. Par moment, c’est franchement inconfortable. 

À voir son visage buriné — soit il est dans le bateau, soit il est dehors sans protection contre les vagues et le soleil —, je le crois sur paroles.

Insubmersible le sabot breton

En contrepartie de cet inconfort relatif, Yann pense avoir réglé, au cours de la construction, nombre de problèmes qui affectent les « gros » bateaux. Il n’a pas de passe-coque. Avec une quille profonde, Baluchon est auto-redressable et insubmersible. Ce n’était pas le cas de son précédent scow qu’il a perdu il y a  4 ans près des Acores et où Yann a bien failli y rester. Un cargo l’a heureusement repêché. 

Muni d’une voile triangulaire, le voilier est équipé d’un pilote automatique.

— Et pour aller à terre ?, demande Erell.

— J’ai une sorte de canot gonflable de plage. Sinon, je nage, explique le Briochin.

Cahin-caha, Baluchon se trouve une place au mouillage, pas trop loin du bord. Pour l’heure, cependant, pas question de se balader puisque les autorités lui annoncent 14 jours de quarantaine. Ça fait vraiment pitié. Finalement, au bout de 4 jours, il obtient son badge de laisser-aller sur l’île de Hiva Oa. 

Les Marquisiens fêtent le déconfinement

Dès le jeudi, nous le retrouvons sur les quais car les Marquisiens nous ont préparé une belle surprise : un carton de fruits à ras-bord pour chacun des 30 voiliers ! Fruits à pain, mangues, pamplemousses, citrons, bananes, caramboles, pommes de Cythère, pommes-étoiles… Tout le monde est super content.

Cadeau de la population pour les gens de mer.

Et Yann, venu à la nage, se retrouve avec son colis de 5 kg… Je lui propose de le ramener que déjà un autre équipage lui rend ce service. Les voileux sont en veine. La navigation est désormais autorisée « autour » des îles à condition de ne pas s’éloigner de plus de 2 milles. Et bien ! Azyu va sûrement visiter tout le littoral de Hiva Oa. Et Baluchon aussi, pourquoi pas ?

http://www.boad-et-koad.com/Baluchon-voilier.php

 

2 réflexions sur “Baluchon, un voilier de 4 m sur le Pacifique

  1. Julien dit :

    Génial, j’avais vu un article sur le baluchon, je me doutais bien que vous le croiseriez aux Marquises. Un superbe article comme d’habitude. Les marquisiens sont incroyables, quelle générosité. Si vous croisez Tania, embrassez la de notre part. Profitez bien, à bientôt.

    Julien Mathilde Norah

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