Le tome 2 de Quatre marins est sorti ! Il relate 4 ans de vagabondages en Polynésie française : un enchantement qui nous ravit encore.
En avril 2018, notre famille quittait, sur le monocoque Balanec, les eaux atlantiques. Un périple de 2 ans raconté dans le récit de voyage Quatre marins dans un jeu de quilles.
La trottinette, c’est bien, la version électrique formidable. Mais Tahiti se visite mieux en voiture! Voici notre parcours sympa sur 2 jours seulement.
Le lac bleu
Côte ouest, nous empruntons la route qui mène au lac de Vaihiria. Que nous n’atteindrons pas faute d’eau et de courage : ça nous apprendra à commencer une rando à 11h ! Situé à 470 m d’altitude, le lac Vaihiria s’est formé suite à l’effondrement de gros blocs de roches. Il a donné lieu à un barrage naturel dont l’énergie hydraulique alimente en électricité l’équivalent de 1500 fare (foyers).
Des fleurs rouge passion Longer la rivière Vaihiria est déjà une belle promenade botanique. Formant un tapis rouge-orangé, les tulipes du Gabon parsèment le chemin. Ce sont elles, avec les flamboyants, qui donnent ces taches rouges aux montagnes vertes de Tahiti.
Tulipes du Gabon
Framboises sauvages
Roses de porcelaine, hibiscus, red ginger, alpinia, queue de chat… on a du mal à croire que ces fleurs tropicales, toutes rouges !, poussent sans la main de l’homme. Et, cerise sur le gâteau, des framboises sauvages émergent des fougères.
Framboise
Plages de sable noir
Cramés par le soleil de midi, nous reprenons la voiture et piquons une tête à la plage de Atimaono. Les ailes de wing-foil dansent devant nous, s’amusant dans les passes.
Captain Bligh
Juste avant le coucher du soleil, assoiffés, nous nous garons devant Captain Bligh, un resto très typique, avec beaucoup d’ambiance : les familles réunissent toutes les générations, elles chantent pour un oui, pour un non, les paréos et les couronnes de fleurs rient à tue-tête. C’est la bringue !
La journée d’Erell
Le lendemain est sous le signe du cheval. Nous visitons l’hippodrome de Pirae et les deux centres équestres voisins. Erell discute avec les moniteurs, les palefreniers et les chevaux, tout à son aise. Elle reconnaît même un poney qui appartenait au ranch Cadichon, sur Raiatea ! Quelle experte !
De nouveau, baignade à la Pointe Vénus, au nord de Tahiti. C’est vraiment, vraiment l’été. Les 35 ° cognent tellement qu’on ne regrette pas de rendre nos clés de voiture et de retourner sur Azyu. De retourner sur le lagon où la brise marine rend la saison plus supportable.
L’hippodrome qrf
Vous voulez en savoir plus sur la Polynésie ?🏝️
Lisez QUATRE MARINS BIEN PACIFIQUES, notre récit de voyage !⛵
La 10e édition de la Channel Race s’est déroulée ce 11 novembre 2022. 5,3 km de lagon : une sacrée épreuve !
Organisée par le Club de natation du Tapioi (Uturoa), c’est certainement la plus belle compétition de nage en eaux libres des Raromatai (entendez les Iles-sous-le-Vent).
Le champion de France, un enfant du pays
68 participants : hommes, femmes, juniors d’à peine 10 ans et nageurs loisir en palmes-masque-tuba (ma catégorie). Même Rohutu Teahui (13 ans), champion de France en 50 m et 100 m dos, était présent ! Après la prière commune et la bénédiction des tavana (maires), go ! Je me jette à l’eau et enfile tout le parcours avec comme seul repère le bout du paddle qui me guide. En effet, Jean Mahimahi m’accompagne tout au long de l’épreuve, une aide précieuse car nombreux sont ceux qui louvoient, complètement désorientés !
Les enfants aussi participent sur 2,5km : chapeau !
Spectacle du lagon
Je passe du bleu-vert plein de phytoplancton aux fonds sablonneux, survole des patates de corail, croise une raie pastenague et observe étoiles de mer et coquillages.
Le vainqueur de l’épreuve n’a sûrement pas vu autant de bestioles : il n’a mis que 1h09 ! Pour info, Azyu fait le même trajet en 30mn !
Heureusement, pas de paquebot sur la route !
J’arrive honorablement au bout de 2h02, heureuse de cette performance dont je ne me croyais pas capable. Et heureuse de la partager avec tellement de copains, nageurs ou accompagnateurs en canoë, kayak, paddle : Sophie, Marie, Anna, Alice, Marion, Patrick, Marielle, Leo, Tomi…
Les jeunes du Club d’Uturoa et leur moniteur Philippe.Brochette de sportives !
Le vendredi 11 novembre 2022 se tiendra la Channel Race : la traversée à la nage du canal qui sépare l’île de Raiatea à celle de Taha’a.
5km seul ou à plusieurs
Cette compétition, ouverte à tous, consiste à parcourir 5 km en solo ou en relais dans des eaux turquoise ou bleu cobalt, avec toute la faune sous-marine comme compagnie. Aux entraînements, le long du littoral, on croise tortues, étoiles de mer et pâtés coraliens. Pour une fois, c’est peut-être la vie animale qui observe les bancs d’hominidés !
Le Club de natation du Tapioi
L’évènement, reconduit pour la 10e fois, se passera donc dans le lagon. Un lagon pas toujours calme car la houle et le courant peuvent compliquer la progression des nageurs. Pour s’y préparer, les adhérents du Club de natation du Tapioi, à Uturoa, s’entraînent.
Retour en images sur quelques sessions auxquelles Coline et moi-même avons participé. Nous y avons découvert le monde de la nage chronométrée. Ce qui nous vaudra une médaille dans la catégorie insolite « Nageurs avec Masque et Tuba » où nous étions les seules (!) sur le tronçon 1,5km.
Depuis le 9 août, Coline, 14 ans, vit les deux pieds à terre. Et 24h/24. Elle a choisi d’être pensionnaire au collège-lycée du LUT, le principal établissement des Iles-sous-le-Vent. Interview.
Pourquoi a-tu choisi le LUT ?
Au début, j’avais décidé de rentrer en Métropole pour faire ma 3e, j’en avais marre du bateau. Et puis, je me suis fait des super copains au spot de surf, ils m’ont motivée à rester.
Coline en surfEn body-board Et en wing-foil !
Comment s’est passée la rentrée ?
La première semaine, on aurait dit qu’il n’y avait pas de cours mais, si en fait ! C’est le rythme polynésien, assez lent… La première semaine, on ne répondait qu’à une question, maintenant on en fait deux 😉!
Aujourd’hui j’y suis depuis 3 semaines et je me suis bien adaptée. Les journées passent vite !
C’est quoi une journée type ?
Lever 5h. Douche et petit-déj (une demie-baguette avec du beurre et un café ou du Milo, c’est du chocolat en poudre).
Début des cours à 7h20.
Repas en cantine à 11h30 (parfois 10h30). On peut aussi manger à la roulotte, c’est une baraque dans la cour qui sert, en théorie, de la nourriture saine comme des casse-croûte végétariens et de la citronnade. Mais il y a aussi des hachis-frites (viande hachée + frites dans une baguette) et des paninis Nutella !
Reprise des cours à 12h30 et fin de l’école à 15h.
Ensuite, j’ai études jusqu’à 16h30. Puis, on dîne à 17h30. Après le temps libre, j’ai encore études de 18h30 à 21h ! Les surveillants éteignent les lumières vers 22h.
Où tu dors ?
Dans un dortoir avec 80 autres filles qui vont de la 4e au BTS. On est 6 par box, c’est tout petit, pas plus de 9m2 ; on a chacune un lit et un casier. Mais l’ambiance est très sympa, on rigole bien ! Moi je partage le box avec 5 filles de Maupiti. En général, les internes sont originaires des îles voisines, Huahine, Bora-Bora, Maupiti ou Taha’a.
Jour de l’emménagement
C’est pas trop bruyant ?
Bruyant ? Ah, non, en tout cas moins qu’en cours, même pendant les évaluations ! En classe, tout le monde parle sans que les profs s’énervent, ça a l’air normal.
Qu’est-ce que tu n’aimes pas ?
La différence entre les collégiens et les lycéens. Quand ils n’ont pas cours, ils ont le droit de sortir, les collégiens non, sauf 2h le mercredi après-midi. En général, je me balade en ville, à Uturoa avec une copine. Et puis, les lycéens ont droit à leur téléphone toute la journée, les collégiens seulement après les cours. Enfin ils s’habillent comme ils veulent alors que je porte un uniforme, un tee-shirt ou polo bleu ciel.
Sinon, les week-ends, les pensionnaires font le ménage, vaisselle, toilettes, quelques salles de cours et le dortoir.
L’uniforme des collégiens
Oui, justement le week-end, comment ça se passe ?
On est environ la moitié des internes, soit 80 à rester aussi le samedi et le dimanche. C’est le Wei, une équipe pédagogique complètement différente qui s’occupe de nous. Ils organisent des sorties, des activités, des tournois de volley…, l’ambiance est cool. Ce que j’aime le plus, c’est les veillées. A la tombée de la nuit, on se rassemble tous dans la cour et on fait des jeux avec les surveillants. C’est toujours super drôle !
Donc, tu te plais dans cette école !
Je dirais pas que le LUT est une école, au sens classique du terme. Ça ressemble plus à un centre aéré pour ados où on essaie de nous apprendre des trucs !
« Le bac à savate, c’est là qu’on met les tongs perdues et on s’y sert aussi car, en théorie, on n’a pas le droit d’être pieds nus. Sauf en sport car, de toute façon, quasi personne ne porte de chaussures de sport ».
En 2019, sur Moorea, Jean-Marie et moi-même avons été initiés à l’apnée par Denis Grosmaire, le champion polynésien. Mais c’est Adrian Escobar, qui vient de fonder son école DeepZen sur Raiatea, qui nous a emmenés bien plus profond que nous ne pensions…
Dans la formation AIDA 3 que nous avons suivie, Adrian nous a coachés dans 3 disciplines : l’apnée statique, l’apnée dynamique et l’apnée en profondeur.
La première, l’apnée statique, nous nous y étions déjà bien entraînés : Jean-Marie garde bien paisiblement la tête dans l’eau plus de 3 mn et moi 5 mn.
Apnée dynamique
Rendez-vous à la « piscine » de Uturoa avec Adrian. Trois longueurs de quai en forme de U dessinent un semblant de bassin qui s’ouvre à l’infini sur le lagon. Eau de mer donc à 28°, corail au fond et oursins diadème prêts à repousser les intrus. Pour ma part, je préfère ce décor aux carreaux sans poésie d’un établissement chloré.
55 mètres d’une traite
Le test consiste à nager avec palmes mais sans reprendre son souffle sur 55 mètres. Pour nous échauffer, nous enchaînons 16 longueurs de 25 m avec un temps de récupération de plus en plus court. Après une phase de découragement (mais pourquoi je me suis inscrite à ce truc ?!), la magie opère. Le cerveau se débranche, le corps trouve sa position hydrodynamique et, moins on respire, plus c’est facile, limpide.
Voilà ce que nous donne l’apnée, la sensation de nos origines aquatiques. C’est particulièrement fort quand on s’essaie à descendre dans les entrailles de la mer.
Sorties profondeur
À quatre reprises, Adrian vient nous chercher sur Azyu pour nous amener sur plusieurs sites de plongée. L’objectif est, progressivement, de descendre jusqu’à 24 m.
D’abord, nous nous hâlons sur un bout, lentement pour absorber la pression qui s’exerce en particulier sur les oreilles et les sinus. Puis, nous effectuons les descentes à la palme.
Plongée à l’intérieur de soi
Mètre après mètre, on rentre dans sa bulle, on se concentre sur son ressenti. Quand on s’offre quelques secondes d’agachon, à observer la dérive du plancton, milliers d’organismes transparents, on se sent appartenir à l’univers liquide.
Ces moments intenses de calme reposent sur la relaxation. Plus nous sommes détendus et confiants, moins nous consommons d’oxygène. Toutefois, si le mental fait beaucoup, la nature, notre nature animale plus précisément, déclenche, pour sa part, le réflexe d’immersion. Il s’agit d’une série d’adaptations telles que le ralentissement du rythme cardiaque, l’afflux du sang vers les organes vitaux (cerveau-cœur-poumons) ou encore le blood shift (protection des poumons contre la pression sans quoi, dès 30 m, ils seraient écrasés). Incroyable, non ?
Le simple contact de l’eau sur le visage informe notre cerveau que nous redevenons dauphin, otarie ou baleine… en somme mammifère marin.
L’apnée, un puits sans fond ?
Dans les années 1950, époque des premières compétitions, les scientifiques estimaient que l’homme ne pouvait plonger au delà de 40 à 50 m sans attenter à sa vie. Ils ont été rapidement détrompés. En 1980, Jacques Mayol est descendu à moins 105 m (inspirant le film Le Grand Bleu sorti en 1988). Et, en 2007, l’Autrichien Herbert Nitsch explose le record mondial avec une performance de 214 m ! La discipline du No Limit (descente avec une gueuse et remontée en ballon gonflable ou via un câble) n’est plus le fer de lance de l’apnée en raison de sa dangerosité. Néanmoins, son appellation même nous dit qu’il n’existe peut-être pas de limite à une profondeur maximum : l’homme ne s’adapte-t-il pas en continu ?
AIDA : une fédération toute fraîche
En attendant de rencontrer un cachalot, ce dernier retenant son souffle plus d’une heure au fond de son kilomètre de bleu (!), il y a encore du chemin à parcourir pour nous autres modestes grenouilles. Un chemin désormais tracé par l’Association Internationale pour le Développement de l’Apnée (AIDA), une toute jeune fédération créée en 1992 par des Français soucieux d’accueillir de nouveau pratiquants en toute sécurité.
Allez ! On reprend l’entraînement ! Moi, je retourne caresser les poissons-clowns planqués dans les anémones pendant que Jean-Marie et Adrian traquent les carangues dans la passe de Raiatea.
Jolie carangue et joli sourire d’Adrian.
Pour aller plus loin, je vous invite à lire Profondeurs de Guillaume Néry (2016), un très beau livre à la fois personnel, scientifique et historique.
Et si vous voulez en savoir plus sur la Polynésie et notre aventure maritime, lisez notre récit de voyage tout juste publié : Quatre marins bien pacifiques.
Comme l’an passé, Azyu rejoint la flottille de joyeux lurons qui, chaque Pentecôte depuis 1986, crient « haut les cœurs » en faisant le tour de Taha’a.
Ce samedi 4 juin, une trentaine de bateaux se positionne entre la ferme perlière Champon et une bouée inratable en forme de rhinocéros soûl. Au top départ, les voiliers se lancent pour le tour du lagon de Taha’a.
Motivés !
La fleur au fusil, monocoques et multicoques se tirent la bourre la première heure. Puis, dès la 2e heure, la brise retombe. Par leurs couleurs et l’espoir qu’on place en eux, les spi redonnent un peu de nerf à cette course devenue pépère.
Abandons des petits
A la 3e heure, le vent se désintéresse complètement de la T-Cup : vengeurs, les plus frêles embarcations jettent l’éponge. À la 4e heure, on sort les rames ! Sur Azyu, on se relaie tous les 4 pour faire avancer le catamaran à grands coups de pagaies depuis les jupes. Victoire ! On avance à 0,5 noeud ! Les filles essaient même la monopalme pour reposer leurs bras !
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Moral en berne
À la 7e heure, comme le soleil se couche sur Bora-Bora, que le courant nous ferait presque reculer, le capitaine craque. Pour sûr, après s’être démené comme un chien, il a envie d’une bière et de repos. Tant pis, on allume les moteurs. Pas question de rater la fête au Taravana Yacht Club !
Les jusqu’au-boutistes
Félicitations à nos amis italiens Alcade qui, comme quelques autres équipages, ont persévéré, franchissant en pleine nuit la ligne d’arrivée.
Résultat des courses : le hobby-cat 777 gagne dans la catégorie des multicoques. Baccun remporte la victoire chez les monocoques.
Que nous réserve l’édition 2023 ?
Regain de courses
La T-Cup s’inscrit dans la lignée de formidables spectacles ayant eu lieu sur l’eau ces dernières semaines :
Championnat de Polynésie d’Optimist
Expédition Kealaikahiki : sans aucun instrument de navigation, les pirogues à voile Hokule’a et Hikianalia ont parcouru les 5370 km qui séparent Hawaï de Tahiti. Un défi lancé aux étoiles !
Tahiti Pearl Regatta (TPR) Lors de sa 18e édition, la TPR a vu courir 5 équipages en pirogue à voile (Holopuni). Emblème de la Polynésie française puisqu’elle figure sur son drapeau, la pirogue à voile est tombée en désuétude alors que les Polynésiens ont gardé le goût inaltéré de la rame.
La présence de pirogues à voile autant à la Tahiti Pearl Regatta qu’à la T-Cup, ainsi que le fabuleux voyage Kealaikahiki fait réapparaître sous nos yeux la formidable épopée des migrations polynésiennes colonisant, depuis le Ier siècle avant J-C, le Pacifique d’ouest en est.
Holopuni dans la passe de Raiatea lors de la Tahiti Pearl Regatta.Bisou Futé à la TPR. Azyu lors la T-Cup.Ô désespoir !Même le capitaine doit ramer !Les filles font avancer le bateau à la monopalme !Nos amis sur Alcade.
À force de nager, j’ai fini par remplir ma boîte à coquillages. Ma curiosité préférée, c’est l’oursin crayon que je détourne au travers de bijoux originaux.
Colliers en porcelaines rutilantes, en fleurs de tiare étourdissantes, et même en dents de cochon ! les Polynésiens ont l’art de se parer.
Suivant leur audace, je fabrique des colliers et des boucles d’oreilles avec ce drôle d’échinoderme qu’est l’oursin crayon.
C’est en admirant les tableaux de Titouan Lamazou que l’on retombe sous le charme polynésien.
Le peintre Titouan Lamazou a sillonné les 5 archipels de Polynésie française pour offrir au public tahitien (jusque début juin seulement), une expo resplendissante ! « Escales en Polynésie » est un hymne à la beauté des îles au travers de près de 200 toiles et esquisses présentées au musée de Tahiti.
C’est la fin du bal masqué en Polynésie ! Plus de bâillon, de pass et de tests à gogo. Tahiti se remet à la fête et nos filles s’en donnent à cœur joie.