Nous sommes bien heureux d’effectuer notre « dizaine » à bord. Les malchanceux qui se sont vus imposer un isolement en hôtel ont dû trouver les journées bien longues, enfermés entre quatre murs sans aucun contact avec quiconque. Ce, à leurs frais (500€/personne).
Sur Azyu, nous avons droit au plein air, enfin à l’harmattan : 30° dans le bateau, plus de 40° au soleil ! Et pas une goutte d’eau potable…. Bien que nos cuves se soient mystérieusement remplies d’eau pluviale en notre absence, nous n’osons pas la boire. Et quant à siroter thés et cafés bouillies par cette chaleur, non merci ! Jean-Marie charge les bidons dans l’annexe et s’autorise une sortie au quai pour utiliser les robinets de la marina. Sur les pontons, nous retrouvons notre chatte Marquise, que Véronique et Yann ont gentiment hébergée dans leur maison avec jardin. Paraît qu’elle s’est bien amusée avec les chiens et les coqs en liberté ; ça lui a changé des poissons volants et des blattes…
Alerte tsunami
Le jour de notre arrivée, le 4 mars, nous avons eu une belle frayeur : alerte TSUNAMI ! Un séisme 8.1 a eu lieu au large de la Nouvelle Zélande et une montée des eaux devait toucher tout le Pacifique, de la Nouvelle Calédonie à l’Amérique du sud dans l’après-midi. Par prudence, quelques voiliers sortent du lagon de Taina ; le danger dans ce cas, c’est d’être trop près de la côte et que l’onde drosse les bateaux à terre. Pendant quelques heures, nous regardons attentivement le plan d’eau, les vagues sur la barrière de corail mais rien. Le tsunami est mort dans l’œuf.
Filets garnis
La vie quotidienne reprend son cours. Sympas, nos voisins-bateaux — Kea, Vaimata ou encore Ubi — nous font les courses : ananas, avocats, bananes, ramboutans, mangoustans, pamplemousses… étanchent notre soif. Et quand tout le monde est en surchauffe — la faute à l’école ! — on se jette dans le bleu turquoise, réjouis de revoir tous nos animaux familiers : petits poissons multicolores, tortues ingénues et raies léopard fouissant le sable du bec. Les raies, elles pourraient nous faire la tête vu qu’on a mangé certaines de leurs congénères en Métropole. Enfin nous, les adultes, pour faire honneur au plat car les filles ont boudé sans équivoque cette chair proche du requin. Ici, en Polynésie, la raie, ça ne se mange pas : les poissons verts, bleus, rouges, les bénitiers, les huîtres perlières, les tortues très exceptionnellement, voire le chien ! Mais pas les raies.
Ça plane pour nous, ouh ouh ouh ouh !
Le wing foil, notre nouveau jouet, est gréé en version débutant c’est à dire sans l’aile de kite ; on s’entraîne chacun à notre tour avec uniquement la planche gonflable équipée d’un foil tractée par l’annexe le long du chenal. Les doigts dans le nez, Jean-Marie se met debout sur la planche qui vole un mètre au dessus de l’eau. Sportive, Coline se débrouille bien. Erell, prudente à l’extrême, se laisse glisser à genoux avec un seul objectif — ne jamais lâcher le palonnier — et moi je me dépatouille comme je peux. Plus je crie, plus la gamelle est spectaculaire.
Tests et contrôles
On en oublierait la vie à terre à patauger dans l’eau. Quelques SMS nous rappellent notre situation. Au test PCR effectué 3 jours avant de prendre l’avion s’ajoutent deux tests les 4e et 8e jours de la quarantaine. Par deux fois, on reçoit un coup de fil des gendarmes : « Vous êtes bien sur le bateau ? On vous croit, hé ! on va pas venir à la nage ! ». Le type raccroche en se marrant et en nous souhaitant bon courage. Ces mesures strictes préservent la Polynésie française dont la situation est en nette amélioration. Il n’y a plus que 10 personnes hospitalisées à cause du Covid. Alors, au 10e jour, c’est la quille : le débarquement se fait direct au resto !

Aquarelle au coucher du soleil.