Tuamotu : dessus, dessous… la mer

Nous croisons à nouveau dans l’archipel des Tuamotu, frêles anneaux de corail renfermant les plus vastes lagons du monde. Le territoire des Paumotu est constitué, pour l’essentiel, d’eau salée. Pas étonnant que nos activités soient plus aquatiques que terrestres.

Dessous, le monde du silence

Chaque plongée est unique. Que l’on se faufile entre de mignons pâtés calcaires dans un mètre d’eau ou que l’on dérive dans une passe aussi large que les Champs Élysée, les sensations sont toujours au rendez-vous.

Erell, chercheuse de trésors.

A de très faibles profondeurs, dans une clarté époustouflante, la vie sous-marine est en technicolor. Entre les porte-enseignes, rayés jaune et noir, les carangues argentées, les picassos multicolores, les perroquets bleu-vert, les balistes olivâtres ou encore les bancs de chirurgiens noirs à queue jaune, c’est carnaval ! Tout ce petit monde se croise à certains carrefours, comme cette allée de sable qui miroite sous l’effet du prisme lumineux, tel un tapis de dentelle. Moins habile qu’eux, je me sens un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, évitant de me râper contre les coraux.

La passe, un tapis déroulant

Nombre d’atolls s’ouvrent à l’océan au travers de passes, échancrures plus ou moins larges qui creusent à plusieurs dizaines de mètres. Les sensations en palme-masque-tuba y sont tout autres. On se sent plutôt liliputien dans ce vaste espace dont le regard ne perçoit pas les limites. Ici, le fort courant organise la visite, plus besoin de palmer. Comme un super héros, on « survole » la passe sud de Fakarava en son centre où se concentre, au plus bas, une centaine de requins ! enfin pour ce que Jean-Marie et moi pouvons voir car les pointe noire sont en réalité bien plus nombreux… En se rapprochant des bords, les couleurs fusent : bleu, jaune, orange, violet, rose, les coraux aux formes multiples semblent rivaliser avec la livrée des poissons. C’est à qui en mettra le plus plein aux yeux ! Intriguée par des algues brunes ressemblant à des fleurs (turbinarias), je m’apprête à plonger lorsqu’une murène débouche de son trou. Je me fige en surface et l’observe tortiller son mètre et demi d’un madrépore à l’autre. Mieux vaut garder ses distances car Cruella est prompte à mordre si elle est dérangée.

Magnifiques raies manta

A d’autres endroits, on est plutôt en tête à tête avec des bêtes de notre taille. A Tikehau, une ancienne ferme perlière fait figure d’attraction car des raies manta ont l’habitude de s’y faire une beauté. Tandis qu’elles tournent lentement autour d’un massif corallien, de petits labres les débarrassent de leurs parasites. A quelques mètres seulement, nous observons le ballet de deux d’entre elles ; avec grâce, elles déploient leur corps qui avoisine deux mètres d’envergure ; régulièrement, leurs cornes céphaliques, qui leur font une tête toute ronde, se rabattent pour guider le plancton vers leur large bouche. Nous profitons longtemps du spectacle d’autant plus que l’animal est totalement inoffensif. Mais que penser du « Trou aux sirènes » ou du « Trou à baleines » dont les Paumotu nous parlent en nous jetant des clins d’œil ? Sûr qu’il y a encore beaucoup à découvrir dessous !

La valse silencieuse d’une raie manta.

Entre deux eaux

Le platier de corail est un entre-deux mondes, pas vraiment la terre, pas tout à fait la mer. Comme des Bretons perdus, on y cherche des bigorneaux : 5 animaux, c’est un peu chiche pour un apéro. On ramasse plutôt des oursins crayon d’un joli violet que le capitaine monte en collier pour sa « vahiné ». A Tahanea, l’unique habitant de l’île nous propose une pêche de nuit, à la recherche de langoustes et de crabes. Super ! Il s’agit de repérer les yeux phosphorescents et, aussitôt, de saisir à la main les crustacés. Jean-Marie réussit une fois. Mais pour manger à sa faim, mieux vaut miser sur le Polynésien !

Le platier de Tikehau et ses trous d’eau.

Le platier de corail, dernière marche avant l’Océan.

En surface

À Tikehau, Jean-Marie enchaîne les sessions de kite. En mode fou furieux (ou fou heureux ?), il déboule à fond sur sa « twin-tip », une planche de vitesse. Les filles font chacune un « take-off » dans le lagon, Coline debout en tandem avec Jean-Marie, Erell accrochée au dos de son papa ! Paisiblement posés à la surface, il faut bien plus d’éclaboussures pour déranger la cinquantaine de noddis bruns en goguette. Puis, Jean-Marie passe au kite-foil, une planche munie d’un bras d’1,20 m se terminant par un double aileron. Bien conduite, la planche s’élève au dessus de l’eau. Mais si l’aileron bute contre une patate de corail, c’est la gamelle assurée. Pas de blessé à déclarer hormis une raie qui, surprise, a bien failli être découpée en deux.

Rassemblement de noddis bruns.

L’album photo des TUAMOTU

Une réflexion sur “Tuamotu : dessus, dessous… la mer

  1. Anita dit :

    Vous nous embarquez tant par les sessions de kite foil en short que la beauté des mots et de ce qu’ils nous racontent. Profitez et continuez à nous en faire profiter 🙂
    Bises du pays des embruns

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