Traversée du Pacifique : récit du skipper

Panama_depart08042018-IMG_0132Depuis le temps qu’on en rêvait… Enfin, on se lance dans ce nouvel océan.

Le vent est inférieur à 6 noeuds, ça commence par du moteur. Les premiers jours se ressemblent, journée à la voile au près et nuit au moteur. Nous avançons lentement et j’économise le gasoil (régime à 1400tr/min), 50h de moteur pour 50l de gasoil soit 1l/h.

En affinant la météo, il est plus intéressant de partir vers l’ouest. En effet, les vents suivent la côte ouest de l’Amérique du sud, c’est-à-dire qu’ils sont orientés au secteur sud, alors qu’en s’écartant à l’ouest, ils prennent une tendance sud-est qui nous avantage pour descendre vers les Galápagos et passer rapidement la ZITC (zone inter tropicale convergente). La première semaine, nous traînons dans cette zone de calme extrême. Houle petite et longue d’ouest, vents entre 0 et 10nds. Pas d’orages ni de grains. Le ciel est pratiquement sans nuages jour et nuit.

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Stratégie de route dans le Pacifique

Elle diffère suivant que l’on souhaite atterrir aux Gambier (notre destination) ou aux Marquises.

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Route pour les Marquises :

Des amis espagnols nous ont raconté qu’ils avaient fait 2 fois la traversée vers les Marquises depuis Panama avec la même stratégie, et qui leur a bien réussi. Elle consiste à prendre une route plein ouest puis à redescendre plein sud à quelques centaines de milles des Marquises.

Route pour les Gambier :

Nous sommes encore dans cette satanée ZCIT, c’est-à-dire qu’il fait beau mais le vent n’oscille qu’entre 3 et 5 nds. Donc moteur encore et encore. Afin de quitter cette zone de calme plus rapidement, nous prenons un cap plein sud. Au bout de 3 jours, nous commençons à récupérer du vent de sud est par 10-13nds. Quelques petits grains font augmenter la moyenne.

Le temps est plus couvert mais un peu plus chaud la nuit. On croise quelques thoniers mais pas de cargos. Le courant d’environ 1nd nous pousse vers l’ouest comme prévu.

On continue de prendre une route sud ouest lorsque le vent est suffisant au largue ; en revanche, quand il est faible, on remonte au près en faisant une route sud. Cela évite de démarrer le moteur dans les accalmies. Nous avons fait 130h de moteur à un régime de 1400tr/min, souvent appuyé sous voiles. Nous avons consommé 230l soit 1,8l/h.

Selon les Pilot chart, le vent au sud des Galápagos a une tendance sud sud est mais demeure inférieur à 5nds. Puis, après 150mn, il se renforce dans la même direction : 145º. C’est exactement les conditions que nous avons rencontrées. Par conséquent, nous naviguons au bon plein à bonne allure par vent de 15nds.

Jusqu’à la première moitié du parcours, nous rencontrerons ces conditions, puis le vent va adonner et prendre une tendance est autour de 12-15nds.

Notre navigation, sous spi Parasailor, est beaucoup plus confortable à partir de ce moment. La dérive est relevée de 20 coups de vérin. Le plan anti dérive se positionne plus sur l’arrière du bateau ce qui améliore sensiblement sa stabilité de route ainsi que sa vitesses. Le spi Parasailor, unique voile hissée, contribue aussi à la stabilité de route ; la présence de la grand-voile provoquerait un masque pour le spi et mouvement de roulis plus important.

Le régulateur d’allure « Beaufort » fonctionne à merveille au portant. Toutefois, à 120° du vent et sous 15nds apparent, il a plus de mal et zigzague quand même. Il faut arriver à trouver le bon réglage entre les trois leviers (molette de réglage amplitude pale immergée, contrepoids aérien, position du verrouillage sur la barre à roue). On le trouve en tâtonnant mais ça se fait assez rapidement.

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Communication

Après quelques hésitations, nous avons décidé de ne pas opter pour le téléphone Iridium même si nous possédons un ancien combiné. Comme lors de la traversée de l’Atlantique, nous n’utilisons que la BLU et Pactor4 afin d’envoyer et recevoir des mails ainsi que les fichiers météo Grib. Cela fonctionne incroyablement bien, je me connecte sur le serveur de Panama en fonction de l’heure et de la meilleure fréquence pour la propagation de l’onde. C’est très simple d’utilisation et l’on arrive à atteindre une vitesse de 8ko/min ce qui est très intéressant pour la météo. Un fichier Grib prend 3 minutes pour être reçu, on peut ensuite l’exploiter sur le PC avec OpenCpn ou l’envoyer sur une tablette avec Weather4D.

On transmet régulièrement des nouvelles par mail à notre famille, en lui indiquant notre position GPS.

Nous avons, de plus, acheté une balise SPOT gen3, qui permet d’envoyer des messages pré configurés comme « Tout va bien, on continue d’avancer  » ou « On a un gros pb technique et plus d’autre moyen de communiquer » ou encore un SOS aux services compétents ainsi qu’à nos familles. Un positionnement est envoyé automatiquement et permet de nous localiser à tout moment sur internet. L’intérêt est de pouvoir l’emmener à terre en balade pour s’en servir en cas d’urgence.

Notre balise Argos est toujours dans le bateau.

 

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