Balanec dans le Canal de Panama

Canal18032018-IMG_0061Après deux semaines d’attente à Portobelo, nous suivons le mythique Canal de Panama qui unit l’Atlantique au Pacifique. Devant cette machinerie jamais égalée, le navigateur à la voile se sent bien minuscule mais pas peu fier.

Démarré en 1880, sous l’égide de Ferdinand de Lesseps – le génial constructeur du Canal de Suez –, le Canal de Panama aurait pu contribuer à la grandeur française. Hélas, la défaite de l’ingénierie (impossible de percer les montagnes, de défricher la jungle) fut suivie d’un désastre humain (20 000 morts dus à la fièvre jaune, à la malaria et aux glissements de terrain) puis d’un fiasco financier.

En 1903, alors que le Panama proclame son indépendance vis-à-vis de la Colombie, il signe un traité avec les Etats-Unis afin que ceux-ci redémarrent les travaux. En 1914 le Canal, dont la réussite repose sur la conception de six écluses, est inauguré. Il relie le port de Cristobal, à Colon, au port de Balboa, à Panama City, par une percée de l’isthme panaméen sur 80 km. L’eau coule désormais sans obstacle entre l’Atlantique et le Pacifique. En 1999, le Canal « américain » est rétrocédé au Panama.

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Le Panama, ça coûte un bras

Si l’archipel des San Blas nous a fait mener un train de vie sobre et économe – achats résumés à quelques fruits et légumes et à l’essence pour l’annexe –, entrer et croiser au Panama coûte cher. Permis de croisière : 185 $. Visa : 105 $/personne (1). Quant au passage du Canal, il se paye rubis sur l’ongle : 900 $ + 900 $ de caution (2). Location de pare-battages et de lignes normées : 75 $ ; déplacement « sous haute surveillance » en lancha et taxi jusqu’à la Citybank pour règlement en cash : 65 $. Stop ! On se console en apprenant que le ticket payé par les cargos pour un transit est de 350 000 $, au bas mot !

(1)    En février 2017, le visa est devenu gratuit. Dommage pour nous !

(2)    Pas de caution si l’on passe par un agent dont les services avoisinent les 350 $. Canal19032018-IMG_0118

Galop d’essai

En attendant notre date de passage, nous allons tâter du Canal avant l’heure. Chacun, séparément, nous convoyons des bateaux d’un océan à l’autre : Coline, la 1ère sur Cékankonvaou, Gaëlle sur Seayousoon et Jean-Marie sur Babel. Les autorités du Canal exigent, en plus du capitaine, 4 adultes préposés aux aussières. Aussi les équipiers des voiliers dans l’expectative s’entraident-ils afin d’économiser le coût de « handliners » professionnels. Et les apéros n’en sont que plus conviviaux !

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Vives émotions dans les écluses

Le 18 mars 2018, Balanec est ancré dans le port de commerce Cristobal, devant Colon. Toute la journée, nous attendons notre transit adviser. A la différence des grosses unités qui sont réellement prises en charge par un pilote, les voiliers, eux, reçoivent à leur bord un « conseiller en transit ». Le capitaine reste seul maître à bord mais peut s’appuyer sur les recommandations de ce professionnel… s’il ne somnole pas ou s’intéresse quelque peu aux contraintes de la plaisance. Par chance, l’agréable Francisco saute à bord de Balanec en fin d’après-midi et le moteur est mis en marche. C’est parti pour le franchissement de l’isthme.

 

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Francisco, conseiller en transit, embarque sur Balanec.

 

Canal10032018-IMG_0018Passant sous l’impressionnant pont en construction qui ralliera, en 2019, les deux rives, nous nous dirigeons vers les écluses Gatun dans lesquelles notre radeau pénètre, Balanec à couple de deux autres voiliers. Au dessus de nos têtes, des petits bonhommes sortis tout droit d’une boîte de lego – casque bleu vif de chantier et gilet de sauvetage rouge – lancent une touline afin d’y fixer nos amarres bâbord et les tendre sur la paroi. A l’instant où les portes d’acier se rabattent sur  nous, une émotion mêlée d’appréhension et de curiosité m’envahit. A mesure que le sas se remplit, de puissants tourbillons dansent autour de la coque. Trois écluses plus tard, Balanec a grimpé de 26 mètres !

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Une équipe de choc

Jean-François, Gérard et Paluch, nos équipiers, sont de parfaits « handliners », concentrés sur les aussières qu’ils laissent filer, petit à petit, aux écluses descendantes. Le radeau doit rester bien au centre du sas en dépit des remous de l’eau. Plus d’une embarcation a fini drossée sur les murailles en béton à cause d’un équipier inexpérimenté ; et gare aux mains et aux pieds parfois dangereusement coincés dans les des aussières tendues à blanc. Heureusement, notre transit se déroule sans casse ni blessure.

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Au sommet des montagnes

Mouillage pour la nuit dans le lac Gatun, à la sortie du premier groupes d’écluses. Le lendemain matin, nous traversons cette vaste étendue de 33 km en compagnie de deux autres conseillers en transit, Roy et Romuald. Les rives taillées à la serpe rappellent le caractère artificiel de ce lac creusé dans la montagne. Faisant feu de tout bois, la nature y a repris ses droits : hirondelles, vautours, crocodiles, paresseux ou singes hurleurs se manifestent à notre œil ou à notre ouïe.

 

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Vautour et croco, le duo ravageur !

 

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Coline, maître-coq

Canal19032018-DSCN2670Pendant la navigation, Coline gère les repas, suivant scrupuleusement son livre de recettes : spaghettis bolognaise, salade de crudités, mousse au chocolat… Pour la quiche aux légumes du soleil et la tarte à la banane, elle est secondée par Jean-François. Avec Gérard à la vaisselle, je pourrais presque bronzer sur le pont en sirotant du jamaïca ! Mais toute cette eau douce qui glisse sous la coque n’est pas à gaspiller, ni l’électricité produite par le moteur : configuration idéale pour faire tourner le lave-linge.

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Gigantisme et mondialisation

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Tout en progressant dans le chenal, nous croisons des porte-conteneurs, des pétroliers, des gaziers, des paquebots, des « bateaux frigo », d’autres chargés d’automobiles… Ils battent pavillon libérien, maltais, danois, américain, bahamien… Toute embarcation confondue, près d’un million de navires ont déjà transité via le Canal de Panama.

 

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Rentré au chausse-pieds dans l’écluse ! Il reste exactement 60 cm de chaque côté.

 

En 2017, le Canal franchit une nouvelle étape dans la course au gigantisme. Des écluses plus larges (56 m), plus longues (560 m) et plus profondes voient le jour pour recevoir les unités de taille Panamax. Les écluses d’origine (36 m de large et 360 de long) – que Balanec emprunte – étaient devenues par trop étriquées ! Dorénavant, le passage dans ces nouveaux équipements coûte la bagatelle d’un million de dollars ! C’est à frémir en imaginant le prix du bateau et de sa cargaison… Le Canal compte 10 000 travailleurs, dont 270 pilotes, et une quarantaine de « conseillers en transit ». Chaque jour, près de 40 navires empruntent le chenal interocéanique, mais seulement 4 à 5 voiliers. Parmi ces derniers, on entend parler surtout… français ! l’une des trois nationalités les plus représentées au côté des Etatsuniens et des Britanniques.

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Et s’ouvrent les portes du Pacifique

Après Pedro Miguel, Balanec pénètre dans l’ultime écluse baptisée Miraflores. Une demi-heure plus tard, la machinerie infernale dépose l’Ovni et ses équipiers quelques 26 mètres plus bas. Le Pont des Amériques salue notre entrée dans le vaste océan Pacifique.

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2 réflexions sur “Balanec dans le Canal de Panama

  1. laurence dit :

    coucou la petite famille
    quelle aventure pour vous tous de passer panama
    c’est ou la prochaine étape?
    ici tout va bien les beaux jours approchent le wk prochain pour paques direction marseille
    quentin est au laos tout se passe très bien
    de gros bisous à vous 4
    dans le dernier mail Erel et Coline voulaient venir chez nous on les attends!!

    dans le dernier mail Erel et Coline voulaient venir chez nous on les attends!!

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