Formule répandue dans le pays, le volontariat contribue au soutien de nombreux projets tout en offrant un contact direct avec la population. A Nahuala, nous passons une semaine chez Francisca et ses deux adolescents : leur maison accueille les activités de l’association Asodi.
Fondée par une poignée de motivés en 2014, Asodi poursuit un but éducatif, social, artistique. Une bonne centaine d’enfants, de jeunes et de femmes profite des différents ateliers : anglais, couture, tissage, informatique, cuisine, musique… on ne va pas s’ennuyer !
Jeudi : informatique
Avec Rocaël, enseignant en primaire et président d’Asodi, Jean-Marie et moi-même tentons d’améliorer le site web de l’asso, ses comptes twitter et facebook. Surtout, on note les besoins en clichés et vidéos afin de les réaliser durant notre séjour.
Pendant que nous pianotons sur les écrans, les enfants voisins défilent dans la maison. Pratiquement chaque jour – ce sont les grandes vacances –, six d’entre eux répètent des airs traditionnels à partir d’un gros tambour, de maracas et de flûtes à bec. Coline est invitée à manier le bâton de pluie. Sans partition, simplement en imitant les plus grands, les petits musiciens apprennent les mélodies. Quel plaisir de les entendre !
Vendredi : couture
Pour animer l’atelier, j’improvise un petit ouvrage que les participantes reproduiront. Sur les conseils de Francisca, je réalise un range-couverts afin que couteau, fourchette et cuillère demeurent impeccablement propres sur la table. Les femmes arrivent les unes à la suite des autres, un enfant dans une main, le bébé sur le dos. Elles choisissent leur machine parmi les modèles professionnels, amateurs ou ancestraux (ah ! la Singer) ; avec persévérance, elles cousent tout en devisant et riant de bon cœur.
Samedi : entre maïs et immondices
Pour préparer le repas – maïs bouilli au menu –, nous suivons Francisca dans ses plantations et coupons les épis bien mûrs. Chaque famille dispose d’un terrain plus ou moins grand qui lui fournit sa récolte de maïs et de haricots secs. Tout en déambulant entre les tiges, nous longeons le rio Nahualate. Etouffée par les déchets plastique, l’eau ne s’écoule plus qu’en mince filet et les berges, véritable tas d’ordures, font peine à voir. « Pourtant, il y a 7 ans, mes enfants se baignaient ici dans une eau cristalline », rapporte Francisca. Depuis quelques mois, celle-ci réfléchit à un projet de dépollution de la rivière. Tout en l’écoutant, je rédige un article pour le site web d’Asodi sur ce sujet.

Francisca parmi ses maïs
Dimanche : cours d’anglais…
Alejandra, une étudiante en sciences politiques, dispense, comme volontaire, les leçons d’anglais avec une belle énergie. Je suis soufflée par l’attention du groupe, même les enfants de 6 ans prennent des notes sur les verbes irréguliers.
… et français
Au bout d’1h30, le cours se poursuit en français. Coline et Erell écrivent les mots en français sur le tableau, Jean-Marie leur correspondance en anglais et moi j’anime la séance. Après les formules de base « Bonjour, merci, au revoir…», Coline fait compter les enfants et mamans jusqu’à 10. Enfin, nous répondons à leurs questions en espagnol : « Comment sont les toits en France ? Est-ce que vous avez aussi la semaine sainte ? Il faut un visa pour aller en France ? Les Français ne mangent pas de tortillas ? mais qu’est-ce qu’ils mangent alors ? ». A la fin de la séance, Alejandra s’attarde un bon moment avec Rocaël qui lui enseigne le k’iche. Vivant à Quetzaltenango, la deuxième ville du Guatemala, et d’origine ladino et non pas maya, Alejandra ne comprend pas cette langue. Un handicap selon elle car un grand nombre de la population régionale la parle quasi exclusivement.

Cours de français en famille
Lundi : cuisine…
Le matin, Jean-Marie lance l’atelier pain, vivement attendu. Faute de four, la miche est cuite au gaz, sur le « comal », la plaque dédiée aux tortillas. Tandis que Coline dirige l’atelier crêpes, je montre la recette des galettes de pommes de terre. Pendant la cuisine et au lors de la dégustation, on recommande de bien badigeonner crêpes et galettes de beurre demi-sel : c’est la première fois que ces femmes y goûtent !
… et tissage
L’après-midi, Francisca déballe toutes ses tenues dont la majorité a été tissée par Catarina ; celle-ci travaille comme aide ménagère chez elles. On se croirait dans une boutique d’art créatif, au milieu des « güipil » (hauts), « corte » (jupes) et ceintures chatoyants. Les motifs sont d’une précision extraordinaire et dévoilent des animaux fabuleux, des personnages symboliques et pléthore de signes mayas. Pendant près de 4 heures, nous suivons les étapes allant de la simple bobine de fil au tissage. Jean-Marie filme tout et monte une petite vidéo pour leur site internet.
Mardi : cerfs-volants…
Les enfants, une bonne trentaine, se retrouvent à l’école de Palanquix Loma pour fabriquer des cerfs-volants. Habiles, ils découpent les feuilles de papier crépon, les collent et les appliquent sur une petite structure composée de fins bâtonnets, le tout est lié par des fils. Coline et Erell observe que ces enfants se fabriquent leurs propres jouets. Le cerf-volant est une tradition très vivante au Guatemala, en particulier au mois de novembre qui célèbre saints et morts.
… et mathématique maya
L’après-midi, Francisca nous initie à la numération maya. Peu usitée de nos jours, cette connaissance est néanmoins exigée sur tout curriculum vitae. Pour faire court, elle fonctionne sur la base de 20 ; les chiffres s’écrivent en étage à l’aide de points et de traits verticaux.
Mercredi : promenade en montagne
Rocaël nous emmène jusqu’à la cascade d’eau qui abreuve toute la ville de Nahuala. Nous cheminons dans une nature somptueuse, respirons un air pur avant d’atteindre la chute d’eau tonitruante. Baptisée « Nahualja » qui signifie en k’iche « esprit de l’eau », la cascade a donné son nom à la ville avec qui elle a lié son destin. De cette source partent des dizaines de tuyaux qui alimentent les villages et quartiers. Chaque communauté est responsable de sa canalisation et, avec cette organisation, l’eau demeure gratuite.
Jeudi : fête d’adieu
Sur « El Rey K’iche », joué par les enfants, Francisca, Antonia et sa fille se mettent à danser pieds nus (on n’est pas loin des 15 degrés, et oui ! 1800 mètres d’altitude !), mimant l’offrande aux dieux mayas. En remerciement, nous recevons une ceinture tissée, une meule de pierre ! et des ocarinas en forme d’oiseaux pour les filles. L’après-midi et la soirée, nous dégustons les fameux tamal, le plat très apprécié des Guatémaltèques.
Les besoins de l’association
Valoriser l’identité maya tout en ouvrant vers d’autres horizons, c’est, en résumé, l’ambition des fondateurs d’Asodi. Et un moyen de renforcer l’estime de ce peuple tranquille, voire résigné. Pour l’heure, les projets concernent l’achat d’une marimba, instrument indispensable à tout groupe de musique, et celui d’une surjeteuse afin de parfaire les travaux de couture. L’association est en quête de soutien financier.
https://asodinahuala.wordpress.com/
Pour s’engager comme volontaire au Guatemala, ENTREMUNDOS fédère la grande majorité des associations :
Bravissimo ! Que de partage …! Bises à vous quatre Joël
Envoyé de mon iPhone
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