Le 1er novembre, le pays célèbre ses morts et, par la même occasion, expose la diversité de ses traditions. Ce jour-là, les cultes mayas et catholiques font montre de toute leur vitalité.
Dans le ciel de Toussaint, une multitude de cerfs-volants frétille, légers oiseaux de papier retenus par un fil invisible. Ces jouets sont censés communiquer avec l’âme des morts voire les repousser afin que les Guatémaltèques vivent en toute tranquillité.
Des géants de papier
A Sumpango, on vient de loin pour admirer certains spécimens dépassant les 20 mètres d’envergure. Dans un stade de terre, situé au sommet d’une colline, une cinquantaine de cerfs-volants sont exposés et notés ; des juges évaluent leur taille, leurs motifs, leurs couleurs, leur originalité et leur aptitude au vol. Car certains prennent un bel élan tandis que d’autres piquent du nez au milieu de la foule effarouchée.
Chaque cerf-volant est le travail d’un cercle d’amis, d’un groupe d’étudiants, d’une association et chacun véhicule un message : le refus de la corruption, la défense des droits des femmes, le respect des animaux de la jungle… réalisés avec un art du graphisme assuré. Nous n’avons pas assez d’yeux pour tous les détailler. Certains sont en cours de montage ; des hommes découpent de longues cannes de bambous, les nouent entre elles et une dizaine de jeunes attachent l’œuvre sur cette structure de bois. Au moment où le géant de papier se dresse, la foule pousse un cri d’admiration.
Car du monde, il y en a ! Rien que pour arriver sur le lieu, nous avons voyagé dans un bus bondé à craquer : plus de 100 passagers dans un 48 places ! Cela paraît inimaginable mais au Guatemala, c’est possible !
Défilé de mode traditionnelle
A Sumpango, la Feria del Barrilete Gigante est aussi une sortie dominicale. Les femmes surtout ont mis leur plus belle tenue. C’est un formidable défilé de costumes multicolores. Pour immortaliser l’événement, des photographes tirent le portrait des familles. Munis d’une petite imprimante portable, ils vendent leurs clichés comme des petits pains. Tous profitent des nombreux stands de nourriture, de glace, de jouets en plastique et de souvenirs artisanaux. Et, bien sûr, on fait voler son petit cerf-volant fait-main dans un chaos de fils.
Recueillement joyeux au cimetière
A Nahuala, nous accompagnons une amie sur le sépulcre de ses grands-parents. On prévient nos filles : « c’est un lieu sacré, on marche, on garde le silence, on respecte les tombes ». Or, quand on entre dans le cimetière, des centaines de personnes y font la fête !
Installées pour la journée sur les tombes de leurs défunts, les familles pique-niquent, discutent, plaisantent au son de l’orchestre. Les plus jeunes font virevolter leurs cerfs-volants en galopant sur la dernière maison des défunts. On n’en revient pas ! Le soir, de petits autels en branches de pin sont édifiés devant les sépultures, souvent une simple butte de terre, illuminée par des bougies.
La marche funèbre des Ladinos
De retour à Antigua, nous assistons à une procession catholique dans le pur style espagnol. Encensées par des hommes en complet noir, les ruelles sont jonchées de pétales de fleurs. Une musique d’une tristesse inouïe, servie par un orchestre de cuivres, annonce l’arrivée du cortège. Des bonhommes encapuchonnés, tels des comploteurs, brandissent des bannières dorées ; derrière, apparaît le char resplendissant, mesurant bien vingt mètres de long, sur lequel le Christ agonisant est pleuré par la Mater Dolorosa. La statuaire est impressionnante de par sa taille et l’expression des visages.
Mais, ce qui m’intrigue le plus, ce sont les croyants. En noir de la tête au pied – costumes pour les hommes, jupes, collants et mantilles pour les femmes –, ils se relaient à porter l’énorme char. Ils sont plus de 100 de chaque côté à l’épauler, le visage inspiré, les yeux fermés, dans une dévotion manifeste. Le char tangue à droite, à gauche, les porteurs, genoux fléchis, avancent, reculent, toujours en harmonie. A l’arrière, des hommes en chasubles poussent de toute leur force le mastodonte. Cette marche funèbre progresse à pas lent, tout l’après-midi et jusqu’à presque minuit, dans les rues de la cité.
Super reportage sur la Toussaint au Guatemala
J’ai adoré Pour être allé au Guatemala je connaissais leur tradition de fête dans les cimetières
Mais pas leur engouement pour les cerfs-volants
Milliards de bisous à vous quatre
Papa
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J’apprécie toujours tes reportages… Êtes vous toujours à la marina? Nous à MOOREA. La saison des pluies est une vraie saison des pluies! Me tarde le bateau mais je profite du présent toutefois! Amicalement Andrée
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