Comment vont les filles ? C’est l’une des questions qui revient souvent, et pas seulement de la part des grands-parents. Voici quelques-unes de leurs activités, en dehors de celles que leurs parents bienveillants leur proposent (excursions, taches domestiques, école !).
Poupées, Barbies et Playmobil sont leurs jeux préférés ; ils donnent matière à de nombreuses histoires où se rejouent les liens de famille : « je serais la mère, et tu serais la petite sœur, on aurait adopté un petit garçon ». Pour habiller ses Barbie, Coline confectionne des tenues très stylées. Quand je sors la machine à coudre, elles fabriquent souvent un petit sac dont elles sont généralement très fières. Un brin nostalgique, Coline développe ses talents d’architecte en édifiant des maisons de plus en plus grandes pour ses personnages en Playmobil.
Dessiner, colorier ou écrire : le graphisme les distrait des heures. Je suis bien aise d’avoir prévu quantité de carnets secrets, de feuilles de couleurs, d’autocollants ou de nouveaux feutres pour rompre l’ennui de certaines traversées.
« C’est bientôt Pâques ? »
Comment dire oui quand on sait pertinemment qu’aux Bahamas aucune cloche ne passera, faute de friandises au chocolat ? Il a bien fallu ruser et proposer à la benjamine de 5 ans un atelier pâtisserie suivi d’une chasse aux biscuits à la place des traditionnels « grandes oreilles ». Cuisiner est toujours source de joie. Coline est de plus en plus autonome et lit désormais seule les recettes de gâteaux ; elle prend aussi beaucoup de plaisir à tout préparer pour un repas sushis-makis (couper les légumes, émincer le poisson, dresser la table, disposer les coupelles de sauce soja..).
Des écrans internationaux
En navigation, les dessins animés font passer le temps. Pour joindre l’utile à l’agréable, le disque dur contient une centaine de documentaires « C’est pas sorcier », très intéressants. Et l’anglais parvient à leurs oreilles avec quelques séries « Pepa Pig » ou « PJ Mask », données par Jiyu car, à son bord, les vidéos jeunesse sont exclusivement dans la langue de Shakespeare. Coline demeure une cinéphile chevronnée. Chaque soir, elle supplie pour visionner un film, notre « colle familiale ». De plus en plus, elles attrapent l’i-pad pour l’unique jeu qui les intéresse : faire cabrioler un dauphin dans des cerceaux. On pondère cet attrait en leur enjoignant de regarder aussi les quelques applications pédagogiques installées : maths Montessori, Passeports, lecture accompagnée, anglais…
Surveillance sans stress
Une chose m’inquiétait avant de partir : auront-elles autant de liberté que dans notre hameau breton où elles crapahutaient dans la forêt, allaient librement chez les voisines, passant d’un jardin à l’autre sans restriction ? Je craignais que, étrangères dans un pays étranger, elles n’aient plus qu’une petite marge de manoeuvre. C’était méconnaître que, dans un environnement essentiellement maritime comme le mouillage, la loi de la nature prévaut. Le courant trop fort pour nager, le soleil brûlant de midi, le corail urticant ou les risques domestiques (couteau à pain, bouilloire, vaisselle qui valse à la gîte…), tous ces dangers, les enfants peuvent les ressentir par eux-mêmes. Le meilleur exemple, c’est la vue d’un requin : personne ne conteste qu’il vaut mieux s’abstenir de se baigner ici et maintenant, même si on en a très envie. L’évidence se passe d’une leçon de morale.
Le goût du large
Une fois ces dangers connus, les enfants sont finalement assez libres. Les activités nautiques les occupent chaque jour : paddle, baignade, plongeons… La plage est un immense espace d’exploration et les marinas, jusqu’à présent, semblaient suffisamment sûres pour qu’ils y évoluent sans surveillance (même si on a du mal à imposer le gilet de sauvetage à la petite sur les pontons).
Enfin, si le périmètre du bateau au mouillage est circonscrit, il s’agrandit considérablement grâce aux bateaux-copains.

Collecte de déchets dans une réserve naturelle aux Bahamas (Warderick Wells)
Naviguer avec d’autres familles augmente de beaucoup l’espace de liberté des plus jeunes. C’est ainsi que Coline part à la nage sur l’un d’entre eux ou dépose sa petite sœur en paddle avant d’aller rejoindre sa copine sur un catamaran. Les enfants jouent, mangent, étudient, dorment facilement sur d’autres navires, gagnant en autonomie. Et dans des familles non francophones, c’est une sacrée expérience. Notre participation à Barbados 50, l’un des programmes de navigation en flottille de l’association Cornel Sailing, a été déterminant pour nous lier à d’autres tribus.