
Catamaran en mauvaise posture à Saint-Martin.
Jean-Marie me l’avait souvent répété : « Au large, le vent, même furieux, c’est rien ; les vagues, attention. » On range le petit linge (les voiles !) et on fait le bouchon en attendant la fin de la tempête. Mais, près des côtes, méfiance ! même par calme plat, même quand le bateau est gentiment relié à son ancre ou à une bouée.
A Saint-Martin, les trois endroits où nous avons relâché nous ont donné des leçons de vigilance.
Dans la baie du Marigot, début mars, nombre de voiliers ont trouvé refuge car le vent hurle dans les haubans. Aussi sommes-nous proches les uns des autres avec des dizaines de longueurs de chaîne sous l’eau : le risque, c’est que celles-ci s’entremêlent. Chaque départ de bateau fait donc frissonner les voisins.

Epave devant le fort Saint-Louis à Marigot (Saint-Martin)
L’intuition… masculine

Grand-Case, village créole typique et animé.
A Grand-Case, le vent, perturbé par les mornes, joue avec nos nerfs. Soit il s’annule par l’effet de la colline, soit il souffle en rafales de travers. Résultat, Balanec pivote de 90° à 180°, l’ancre se décroche et voilà comment on se retrouve, en pleine nuit, près des rochers. Depuis le Cap-Vert, nous mettons en place, au moment de nous coucher, une alarme de mouillage. Elle nous prévient si jamais le bateau sort de son cercle d’évitage. Généralement, Jean-Marie bondit de sa couchette quelques minutes avant qu’elle ne sonne. Ah ! ce 6e sens marin ! c’est plus fiable que n’importe quel GPS !

L’anse Marcel
Dans l’anse Marcel, nous découvrons un gros catamaran d’une vingtaine de mètres encastré dans les rochers. D’après les douaniers qui enquêtent, une manille du mouillage manque : malchance ou sabotage ? C’est le 2e navire en un mois qui subit ce triste sort. A son bord, une équipe vide l’eau à l’aide d’une pompe électrique tandis qu’un pêcheur s’apprête à extraire le catamaran de la roche.
Funeste présage
Le même jour, nous apprenons que l’un de nos meilleurs bateaux-copains est dans la même posture. Le monocoque de 13 mètres est échoué contre les cailloux sur l’île de Saba : la bouée du parc marin a lâché pendant que la famille excursionnait. Après 5 jours interminables, le bateau est ramené sur remorque à Saint-Martin où l’expertise le classera vraisemblablement en épave. Choqués et attristés, nous retenons la leçon : « En mer, le danger, c’est la terre… »

Aux Iles Vierges britanniques, nous découvrons une vedette ballottée sur les rochers ; la veille, elle n’y était pas…