En bateau, les poubelles sont rapidement encombrantes et, si tout est mélangé, très malodorantes. Comme à la maison, on trie nos déchets. Mais trouve-t-on ensuite à quai les conteneurs ad hoc ?
En Espagne, nous avons toujours réussi à jeter des déchets triés. Les marinas (La Corogne, Muxia, Portosin, Sansenxo, Baiona) mettent à disposition des bacs de tri : papier/carton ; métal/plastique ; verre ; déchets organiques. Suivant les lieux, une fois le couvercle soulevé, on ne trouvait pas toujours ce qui devait correspondre ; mais, bon, l’intention y est. Concernant les déchets naturels, nous profitons de la pleine mer pour nous en débarrasser, ne restant jamais plus de 3 jours dans un port.
Au Portugal, on a partout trouvé des conteneurs séparés (à Viana do Castello, Figueira da Foz, Sao Martinho do Porto, Cascais) sauf à Lisbonne ! Mauvais point pour la marina de l’Alcântara où nous avons fait escale.
Des sacs à sacs
En Espagne, ce qui m’a choquée, c’est le nombre de sacs en plastique distribués à tout-va dans les magasins. Vous savez, ces sacs de couleur ultra-fin qui se déchirent en deux temps, trois mouvements ; même un sac à dos pour Coline a failli sortir de la boutique emballé dans un pochon ! En revanche, au Portugal, les sacs de caisse sont, dans les supermarchés, payants et réutilisables. Je n’ai vu nulle part de bacs de désemballage à la sortie des “supermercados” (je crois que ça ne se fait plus trop en France d’ailleurs ?). Dommage car, bientôt, nous n’embarquerons plus aucun carton et les éventuels charançons avec !
L’île de Madère se la joue bleu-blanc-vert, comme partout aux Canaries. On trie donc conscieusement nos déchets. On s’en sort bien avec une poubelle toutes les 3 semaines, plus le sac jaune. Un sac qui grossit car riz, farine, semoule et flocons d’avoine sont systématiquement désemballés et rangés dans des boîtes en plastique étanche.
Ne pas surcharger les petites îles

Village à Santo Antao (Cap-Vert)
Arrivés au Cap–Vert, c’est une tout autre affaire. Le local à poubelle, à la marina de Mindelo, sur l’île de Sao Vicente, donne le ton. Les ordures débordent régulièrement et on pousse la porte avec des pincettes. En nous promenant sur l’île de Santo Antao, nous comprenons que le souci premier est surtout que les poubelles soient ramassées. En attendant, dans les hameaux, les habitants s’organisent comme ils peuvent jusqu’au passage aléatoire d’un camion-poubelle. Les magnifiques chemins de trek sont alors, discrètement et tristement, souillés de rebuts. Sur l’île de Fogo, la flottille Cornell Sailing s’amarre à un quai, dans un semblant de port. Visant une poubelle, j’amène mon petit sac. Je suis immédiatement imitée par les autres équipages. Le lendemain, les déchets gisent à terre ; les sacs sont éventrés par des chiens errants qui se disputent les restes de nourriture. Honteuse du désordre, j’entreprends de tout nettoyer mais aussi de reprendre ma poubelle. Les gardiens du port m’aident et m’indiquent des containers plus loin où les chiens ne viendront pas fouiller. Ah ! Les déchets, pas si facile de s’en débarrasser !
Poubelle verte à la mer
Justement, on nous demande conseil car il semble que Balanec en a relativement peu comparé aux autres équipages. « On aplatit et on replie au maximum les briques, on compacte les canettes de bière, on plie les cartons pour les ranger comme des feuilles de papier. » Et dire bye-bye à la vaisselle jetable (chacun amène son verre pour les apéros entre bateaux)… Composter les déchets organiques est aussi essentiel. Certains catamarans sont équipés d’un vide-ordures à cet effet : tout tombe direct dans la mer. Je jette en général le compost à la tombée de la nuit, quand les poissons se nourrissent et qu’il n’y a plus de baigneurs alentour. Il m’est même arrivé de mixer le compost parce que nous étions très près de la plage.

Au Marin (Martinique)
Décharges de plastique
Durant la Transat, on a tenté quelques bouteilles à la mer. Mais le verre était si épais qu’on avait plus peur de se blesser. De l’autre côté de l’Atlantique, à La Barbade, pas de containers de tri en vue dans Bridgetown. Mais un employé des douanes s’est réjoui de mon « sac jaune » : « tout ce qui peut être récupéré le sera par les personnes qui ramassent les poubelles« . Il y a donc un recyclage invisible pris en charge par la population elle-même. Aux Grenadines, dans les ruelles, les bacs bleus, jaunes et verts font partie du décor au même titre que les bonnets vert-rouge-jaune des Rasta Men. Les îlots paradisiaques de Union, Bequia… et surtout Tobago Cay’s bichonnent leur image de carte postale. Cependant, à l’écart des regards, cachées par la mangrove, on trouve des sortes de décharges avec une seule matière rémanente : du plastique, en filet, en film, en sac, en bouteille…
Bon, vous l’aurez compris, je pourrais vous faire Le Tour du monde des déchets. J’arrête là en ayant appris une chose : même quand la collecte n’est, en apparence, pas séparée, il faut jeter des sacs triés car, dans les pays où les gens semblent manquer de moyens, il y aura toujours des hommes et des femmes qui donneront une seconde vie aux matières et objets.
Tres interressant tes remarques sur le tri .Nous sommes de plus en plus concernes et responsables .A Venansault une association a vu le jour « Repair cafe »pour reparer des appareils en panne et ne pas les jeter.Grosses bises a tous.
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